Compétitivité logistique : entre lenteur et opportunités inexploitées
Accentuée par la crise sanitaire et économique, l’utilisation de chaînes d’approvisionnement plus courtes est devenue plus attractive pour les donneurs d’ordre européens. Paradoxalement, alors qu’il s’agit d’un levier important pour attirer les IDE et la compétitivité, le développement des zones logistiques se fait à un rythme très lent et n’est pas correctement exploité. Faux !
“Pour tirer parti des tendances mondiales actuelles, il est recommandé de développer, à très court terme, une offre en immobilier logistique qui réponde aux exigences des opérateurs internationaux.
Pour attirer les investissements directs étrangers, et face à la concurrence des pays de la région MENA comme l’Égypte, le Maroc peut notamment s’appuyer sur la qualité de ses infrastructures portuaires et sa proximité géographique avec l’Europe, indique la newsletter de l’Observatoire marocain de la compétitivité logistique (OMCL) en mai.
Le document insiste également sur une offre d’immobilier logistique en phase avec les tendances mondiales. Ce qui inquiète, c’est que le taux d’avancement actuel des zones logistiques reste très faible.
Un niveau très faible de réalisations concrètes
Le développement de ces zones réservées est un axe de grande importance dans la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique car sa réalisation contribuera fortement à l’atteinte de ses principaux objectifs.
Cependant, le taux d’avancement pour cet axe, selon l’Agence Marocaine pour le Développement de la Logistique (AMDL), n’est que de 9%. Certes, à ce jour, les besoins logistiques identifiés par l’AMDL représentent 80% de l’objectif de 3.300 ha.
Cependant, les réalisations concrètes sont très faibles. En effet, le site de Zenata reste la seule aire logistique prévue par le schéma national intégré des aires logistiques à être opérationnelle, avec une 1ère tranche de 28 ha, soit 0,85% de l’objectif. En outre, la planification est en décalage avec les tendances mondiales.
Une planification en décalage avec les tendances mondiales
Ces dernières années, la logistique urbaine et les activités de commerce électronique ont considérablement modifié les politiques d’implantation et la taille des espaces dédiés à l’immobilier logistique.
En effet, les entreprises misent beaucoup sur les délais de livraison, qu’elles considèrent comme un facteur décisif dans les décisions d’achat. Ainsi, le marché de l’immobilier logistique a vu se développer des entrepôts XXL avec des surfaces de 50 000 m2 et plus, notamment autour des grandes villes.
A ce jour, les plans des zones logistiques élaborés par l’AMDL sont en adéquation avec la réalité économique de notre pays. ” Mais il est certain que dans un avenir proche, et au vu des évolutions à l’échelle mondiale, ces zones ne répondront plus aux besoins des opérateurs marocains et des investisseurs étrangers “, indique l’étude de l’Observatoire de la compétitivité logistique.
L’immobilier logistique, un gage de résilience en temps de crise
Suite à la crise sanitaire de Covid-19, des activités stratégiques, telles que l’industrie du médicament et des équipements médicaux, ont subi des perturbations majeures dans leurs chaînes d’approvisionnement. Pour atténuer ce risque, de plus en plus d’entreprises envisagent de conserver des stocks de sécurité plus importants.
En France, dans le cadre de son projet de plan de relance du transport routier de marchandises, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) a proposé d’encourager la construction d’entrepôts sur le territoire français pour accroître l’indépendance logistique.
De son côté, la Dubai Future Foundation a recommandé de développer un centre de stockage régional, permettant aux pays voisins de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement.
Qu’en est-il des besoins logistiques régionaux ?
Le schéma national intégré des zones logistiques vise à développer un réseau national intégré de ces zones réservées à travers les douze régions du royaume. A l’horizon 2030, ledit schéma prévoit d’atteindre une superficie totale d’environ 3 300 ha.
Dans la région du Souss-Massa, les besoins logistiques sont estimés à 242 ha répartis en deux grandes zones : la zone logistique d’Alt Melloul avec une superficie de 172 ha et la zone logistique de Tagadirt avec 70 ha.
Le schéma directeur des zones logistiques de la région prévoit pour la zone d’Alt Melloul, quatre zones dédiées. Une de 70 ha dédiée à l’agro-marketing, une pour les matériaux de construction de 60 ha, une autre de 40 ha dédiée à la distribution, et une réservée aux céréales sur 2 ha.
La première tranche de cette zone couvrira une superficie de 45 ha et comprendra un centre d’accueil de 780 m’ et un centre routier de 60.000 W. Selon l’AMDL, cette zone aura un impact important en termes de massification des flux de marchandises.
Source : maritimenews.ma